Le nkui est un repas très apprécié au Cameroun pour ses tiges gluantes bénéfiques pour la digestion et la production de lait maternel chez la femme. Et pourtant, les feuilles de nkui sont toutes aussi comestibles et bénéfiques pour l’organisme. Découvrons ensemble comment faire un repas à base de ce légume peu exploité.
Ma mère cultive du nkui dans la cours de la maison. Pour célébrer une nouvelle naissance dans la grande famille, elle décide de couper quelques tiges pour rendre visite à la mère du bébé. Au moment où elle sépare les tiges des feuilles, quelque chose attire mon attention. Les feuilles me sourient. Et de manière instantanée une question me vient à l’esprit : « est-ce qu’on mange les feuilles de nkui ? ». La réponse est affirmative. Elle me fait savoir que cela se cuisine tout comme les feuilles de gombo. Tout de suite, je décide d’en faire mon menu du jour. Pour la préparation, deux opportunités se présentent à moi. Soit faire sauter comme des légumes, soit faire cuire avec du pistache façon ndolé. J’opte pour la seconde alternative.

Recette des feuilles de nkui au pistache
La liste d’ingrédients n’est pas longue. Juste des épices séchées (piment, gingembre, ail), une boîte de pistache, une poignée de crevettes, quatre petits poissons fumés, un oignions, huile de palme raffinée et sel. La préparation, quant à elle, se fait en deux étapes. En préliminaire, écraser le pistache, découper les feuilles de nkui en très fine lamelles et nettoyer le poisson. La suite c’est la cuisson en elle-même.

Tout d’abord, il faut préchauffer l’huile, faire frire pendant quelques instants les têtes de poisson puis les oignons. D’après ma mère faire frire les têtes de mbounga, parfume agréablement le repas. Pour encore plus de parfum, j’ajoute épices avec une goutte d’eau. Après trente seconde, place à l’introduction du pistache écrasé et un verre d’eau. Je laisse mijoter, le temps pour eux de faire connaissance. De courte durée est la causerie de saveur. Deux minutes après, feuilles de nkui, crevettes, poissons fumés et sel se joignent à la discussion culinaire sous la modération d’un litre d’eau. Le rapport final de ce bouillonnement est livré au bout d’une quinzaine de minutes. Le temps imparti à l’eau de se vider au deux tiers. Et voilà notre met est prêt à la consommation.
Une saveur à la fois douce et amère

Ce met est agréable à consommer. Une saveur à la fois douce et amère. Les feuilles cuites se laissent facilement manger, enfin pour les amateurs de gout piquant. Ma mère fait savoir que même les tiges de nkui sont amères. Les condiments donnent une coloration sucrée au repas. Je dois avouer que mettre les têtes du poisson fumé est une très mauvaise idée pour les sauces de légumes. En réalité, ces têtes s’émiettent dans la marmite, rendant de facto chaque bouché assez olympique. Je vous conseille de vous contenter juste de la chaire du poisson fumé, tout en enlevant les os. Vous pouvez mettre du poisson frais ou de la viande, selon votre convenance. Oups ! J’ai failli oublier le complément. J’ai dégusté mon plat de feuilles de nkui avec du couscous de manioc. Vous pouvez explorer d’autres pistes. Plantain mûr, macabo, patate douce, couscous de maïs, igname blanc ou même du riz.
Les feuilles pas du tout exploitées
Très célèbre en pays bamiléké, le nkui est une plante herbacée à racine pivotante. Il est constitué d’une tige rigide de couleur verdâtre et de feuilles toute vertes. Son nom scientifique est le Triumfetta pentandra. Il est présent dans l’ensemble des zones tropicales. Au Cameroun, sa culture est rependue dans la région de l’Ouest. La consommation du jus gluant extrait de la tige à de l’eau chaude est une véritable tradition, surtout en ce qui concerne la naissance. Ce met facilite la digestion et est un excellent stimulant pour la production de lait maternel chez la femme.

La tige de nkui est au centre des attentions, et pourtant les feuilles sont toutes aussi comestibles et bénéfiques pour l’organisme. Les feuilles se consomment comme des légumes. Elle présente des vertus utiles pour le corps humain, bien qu’il n’y ait pas assez d’étude sur le sujet. Au Congo, les feuilles sont « employées en médecine traditionnelle pour ses propriétés hypotensives permettant de réguler et de stabiliser la tension artérielle ». Wikipédia ajoute qu’« en médecine vétérinaire au Burundi, le jus des feuilles est administré en traitement de la theilériose ». Vivement que des études approfondies soient faites sur ces légumes-feuilles négligées.
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